La pièce de réemploi : L'avenir du recyclage auto pour Indra

Publié le 27 juillet 2022

Indra Automobile Recycling, le leader en France du recyclage de la voiture, a également fait de la pièce de réemploi l’un de ses domaines de prédilection. Olivier Cor, le responsable de la pièce de réemploi au sein d’Indra, nous permet d’en apprendre plus sur ce milieu encore méconnu du grand public et en forte croissance. Vous découvrirez que cette filière, bien gérée par ceux qui en sont les acteurs, a toute sa place dans le monde de demain, et s’insère parfaitement dans les besoins de notre temps. 

Pourriez-vous vous présenter, et nous indiquer votre rôle au sein d’Indra Automobile Recycling ? 

Je suis Olivier COR, et je suis responsable, de ce qu’on appelle chez Indra, une business unit. Et en l'occurrence la business unit s’appelle PRECIS, et c’est notre plateforme de vente de pièces de réemploi. La plateforme est alimentée par les centres VHU (véhicules hors d’usages) de notre réseau. 

Nous avons créé une business unit parce que ce n'est pas l’activité d’origine pour Indra. Indra est principalement positionné sur le traitement du véhicule, pour des partenaires assureurs, pour des partenaires constructeurs. C’est notre cœur de métier, notre métier d’origine. Et pour alimenter notre réseau, nous avons créé différents services. Certains de ces services ont été positionnés en business unit pour mieux les piloter, et c’est le cas de PRECIS. 

En tant que leader du recyclage de la voiture en France, qu’est-ce que ça représente pour vous une pièce de réemploi ? 

C’est un élément essentiel qui permet d’assurer l’équilibre économique de la filière. 

D’un point de vue business, ça a un grand intérêt pour les centres VHU qui composent notre réseau. Grâce à ça, ils vont vivre de différentes sources de revenus. Principalement de la gestion des pièces et de la matière, c’est leur métier de base de déconstruire un véhicule.

Donc pour notre réseau, comme pour la filière, c’est important d’un point de vue économique. 

Mais c’est aussi aujourd’hui la grosse tendance du secteur du recyclage, et c’est ce qui permet aux centres de mieux piloter leur activité. 

Pour la matière, vous êtes très dépendant des conditions géopolitiques, des cours de marché. À l’inverse, la pièce de réemploi, c’est un business plus local que l’on maîtrise un petit peu mieux. 

Alors évidemment, les pièces que l’on récupère dépendent des véhicules que l’on reçoit, mais ça se maîtrise, on peut contrôler les paramètres économiques. Donc, c'est extrêmement important pour le secteur. 

Et pour nous Indra, en tant que tête de réseau, c’est important de développer la pièce de réemploi, c'est ce qui a le plus de sens. C’est le complément parfait au traitement de la matière pour le recyclage automobile.

Donc l'économie et l'environnement sont deux aspects importants de la pièce de réemploi ? 

Il faut valoriser la pièce de réemploi d’un point de vue environnemental, et d’un point de vue économique.

Et c’est l’équilibre de ces 2 critères qui fait que vous avez une filière qui fonctionne. 

Aujourd’hui, on a une filière qui dépasse la réglementation qui est d’atteindre 95% de la masse des véhicules recyclés. 

Chez Indra, on est à 95,7% recyclé. On est légèrement plus performant que la moyenne nationale. C’est notamment dû à la nature des centres que l’on a, mais aussi, je l’espère, de tout le travail qu’on fait avec notre réseau pour pousser à la performance. Mais force est de constater que même au niveau national, en dehors du réseau d’Indra, on est à 95%, ce qui est une très belle performance pour la filière. 

Le marché de la pièce de réemploi est-il en plein essor ? 

Oui, il est en plein essor. Le marché global de la pièce de réemploi a grossi avec 10% de croissance. En revanche, si on prend uniquement la partie digitale, on dépasse très nettement les 10% de croissance.

Il est clairement en progression dans sa globalité. Il y a plus de centres VHU qui produisent de la pièce, il y a des centres qui sont mieux équipés pour en produire. Ils produisent chacun davantage de pièces. Et vous avez une offre qui a globalement augmenté, et de plus, il y a tous ces outils qui ont permis de faire qu’il y ait de moins en moins de barrières à l’usage de la pièce de réemploi. Il n’y a pratiquement aujourd’hui plus de barrière. 

Et qu’est-ce qui a permis cet essor justement ? 

Il y a à mon avis 3 facteurs qui font qu’il est en plein essor. 

Le premier, c’est le décret PIEC (Pièces Issues de l'Économie Circulaire) qui est entré en application au 1er avril 2019. Il stipule qu’un réparateur doit vous faire un double devis. L’un avec des pièces issues de l’économie circulaire, l’autre avec des pièces neuves. Et évidemment, la pièce de réemploi fait partie de ces pièces issues de l’économie circulaire. 

Donc ce décret a mis un coup de boost.

Le deuxième facteur qui a contribué grandement au développement du marché, c’est la structuration des centres VHU. Leur professionnalisation, les investissements qu’ils ont fait pour produire la pièce de réemploi, la formation, le stockage. Tout cela a également contribué à l’essor de la pièce de réemploi.  

Enfin, le troisième facteur, c’est la digitalisation de la pièce de réemploi, dont la plateforme PRECIS fait partie. Il y a 10 ans, c’était très difficile de trouver la bonne pièce, parce qu'il fallait appeler les différents centres VHU pour savoir s'ils l’avaient en stock. Il fallait être sûr que le centre VHU ait bien identifié la bonne pièce. Donc, c'était une vraie galère. Et la digitalisation a évidemment changé le quotidien d’un réparateur. 

Et le petit plus, ce sont les changements de mentalités dans la population qui ont aussi un impact. Certes, les gens cherchent des prix plus bas, mais ils cherchent aussi des réparations plus respectueuses de l’environnement, évitant le gaspi. 

La pièce de réemploi représente-t-elle selon vous un avenir durable pour le milieu de l’automobile ? 

Alors complètement. Elle a trouvé sa place aujourd’hui. Maintenant, il y a un travail à faire pour que l’offre soit pleinement structurée, pour qu’on soit capable de bien identifier les besoins du marché, mais de les anticiper surtout. Ça signifie de produire les bonnes pièces sur la base de ce que l’on a. Car on ne peut pas produire des pièces sur des véhicules qui n’entrent pas à la destruction.

Par contre, ce qui est certain, c’est que la pièce de réemploi ne pourra pas et n’a pas vocation à remplacer la pièce de rechange neuve. Il n'y a tout simplement pas assez d'offres pour répondre à la demande. Donc, ce sera impossible. 

Mais je crois aussi à une offre complémentaire. Elle l’est déjà aujourd’hui puisqu’elle permet de réparer des véhicules qui ne le seraient pas sur une base économique. Mais, elle permet de fidéliser les clients qui cherchent, soit du prix, soit de la réparation plus durable. 

Combien de pièces de réemplois sortent par jours de vos centres VHU ? 

Je pense qu’au total, on intègre 50 000 pièces par mois sur notre plateforme PRECIS. Aujourd’hui, on retire en moyenne 12 pièces par véhicule. Maintenant, il y a des éléments qui font que c’est aléatoire, puisque 12, c’est pour l’ensemble du parc qui est démonté. 

Par contre, si vous démontez un véhicule plus récent qui est issu de l’assurance, vous pouvez récupérer entre 20 et 25 pièces. On pourra potentiellement retirer plus de pièces mécaniques qui auront très peu roulé. Et ça peut monter à plus de 100 sur un véhicule qui est en très bon état, et qui est en forte demande sur le marché. 

L’autre élément aléatoire, ce sont nos centres. En moyenne, on est à 1600 véhicules démontés par an pour chaque centre du réseau Indra contre 1000 au niveau national. Mais, là encore, c’est une moyenne, ça va de quelques centaines pour certains, à plusieurs milliers pour d’autres. Ça dépend de la capacité du centre et de l’espace disponible pour stocker. 

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Si vous pouviez citer les 3 points forts de la pièce de réemploi, quels seraient-ils ? 

Le premier point fort de la pièce de réemploi, c’est que c’est pour moi la plus noble des revalorisations, parce qu’on a 0 transformations. La seule chose qu’on peut faire c’est la repeindre ou la nettoyer. Mais on ne produit rien et on consomme pratiquement 0 énergie pour ça, et on le fait en vue de recycler un véhicule dans sa globalité. Donc, c'est le premier point et c’est parce que c’est ce qu’il y a de plus juste pour l’environnement. D’ailleurs, dans notre réseau, on met en avant l’offre locale. C'est-à-dire la pièce qui est la plus proche du réparateur et qui convient à sa recherche. 

Le second point fort, c’est le positionnement prix qui reste important. J’ai bien conscience que pour beaucoup de personnes, c’est un critère de choix dans le cadre d’une réparation. La voiture est plus que jamais un poste de dépense important pour les familles. 

Et enfin, le troisième point fort, c’est la complémentarité de l’offre. Pour un réparateur, c’est une offre complémentaire. C’est l’occasion pour lui de proposer une pièce d’origine, de qualité et qui est aujourd’hui testée par les centres VHU. Mais qui est moins chère, et qui apporte des avantages écologiques. Donc c’est une solution alternative qui a du sens et qui répond à un besoin qui est exprimé, ou pas, par le conducteur.

Pouvez-vous nous parler des normes qui sont en vigueur pour les pièces auto de réemplois ? 

Déjà au niveau du décret PIEC, l’une des conditions qui annulerait l’utilisation d’une pièce de réemploi, pour un réparateur, c’est s’il n’a pas l’assurance que la pièce fournira les résultats attendus. C'est au niveau national. 

Après chez Indra, on a mis en place un cahier des charges qui est appliqué dans tous nos centres. On a donc une partie expertise avec des vrais professionnels de l’automobile. Ce n’est pas un expert automobile au sens de l’assurance, mais c’est le spécialiste dans ce centre-là qui va expertiser le véhicule. Il va déterminer les pièces que l’on peut prélever et définir leur état. Puisque l’on définit différents états de pièces sur notre plateforme. 

Tous les centres ont ce cahier des charges à respecter et nous, on va les auditer d’abord pour nous assurer qu'ils sont au niveau. Et une fois qu’ils sont approuvés, on continue de les accompagner et de les former pour nous assurer que la qualité de la pièce soit au maximum objectivé. 

Le but est qu’une pièce de réemploi sortie de chez nous soit au niveau d’un centre auto neuf. En termes d’expérience pour les utilisateurs, vous ne devez pas voir la différence. 

Est-ce qu’il y a des tests qui sont mis en place avant de remettre la pièce sur le marché ? 

À l’arrivée de la voiture dans l’un de nos VHU, le véhicule va être testé. Ça va permettre à notre expert de voir si les pièces mécaniques fonctionnent. Cela dure environ 30 minutes. Durant ce laps de temps, l’expert va faire tourner le moteur et prélever un petit peu d’huile. C’est un peu comme une prise de sang, dans le sens ou cela va nous permettre d’avoir de nombreuses informations sur les éléments qui composent le moteur. Si les pièces mécaniques fonctionnent, c’est qu’elles peuvent être utilisées, sinon elles ne seront pas conservées. 

En revanche, pour la pièce de carrosserie, vous avez moins de tests. Car on identifie plus facilement les défauts. 

Il arrive parfois qu’en amont, on ait un rapport d’expert. C’est dans le cas d’un véhicule accidenté, dont on peut tirer un grand nombre d’informations. 

Parce qu’on n’est pas infaillible pour assurer la qualité, nous avons mis en place un service après-vente qui permet de toujours trouver une solution pour le réparateur. Donc pour nous, ça va être des prises de garanties. On met des garanties de 1 an minimum sur certaines pièces. On est sur une expérience similaire que vous pouvez trouver sur le marché de le rechange. 

Les pièces de réemploi sont-elles tracées, une fois récupérées ? 

Alors complètement. Déjà en amont, quand vous traitez un véhicule dans un centre VHU, le centre doit tracer le véhicule dès qu’il passe la grille du centre. C’est obligatoire. 

Nous, dans notre plateforme, on ne peut pas intégrer de pièces qui n’auraient pas été démontées, prélevées sur un véhicule qui est tracé dans le centre. Tout est digitalisé et le système ne permet pas de contourner ça. Si le système ne dispose pas des éléments de traçabilité, la pièce est rejetée et n’est pas intégrée dans PRECIS. 

On n’est pas un site où on vient publier manuellement des pièces. Donc si le véhicule n’est pas correctement tracé, et si la pièce n’est pas tracée, on ne peut pas l’intégrer dans notre système. 

Et pour information, lorsque vous commandez une pièce sur notre système, vous pouvez voir d’où vient la pièce, et tout son historique. 

Donc ce sont des informations que possède le réparateur quand il monte la pièce. 

Stockage des pièces de réemplois

Quelle est la durée de vie moyenne d’une pièce de réemploi ? 

Alors, ce n’est pas forcément mesurable. Aujourd’hui, la pièce de réemploi est garantie et elle ne pose pas de problème. Maintenant, sur la durée de vie, on vend de la pièce de réemploi pour des voitures qui ont entre 10 et 16 ans. Donc la pièce va pouvoir vivre sur ces véhicules, entre 8 et 10 ans. 

Maintenant sur la pièce mécanique, c’est un peu différent, puisqu’on a cette notion de kilomètres. Si on répare un véhicule qui a 180 000 km, cela a du sens de lui mettre une pièce de réemploi. Et là une pièce de réemploi, même si elle a 80 000 ou 100 000 km, elle en a toujours moins, et surtout, elle fonctionne comparée à celle qui était sur le véhicule. Elle sera largement suffisante pour finir la vie du véhicule. 

Quand une voiture a déjà fait 180 000 km, la pièce de réemploi remplira facilement cette fonction. 

Une pièce de réemploi peut-elle être utilisée une seconde fois pour réparer une voiture ? 

Alors sur le principe, il n’y a absolument rien qui l’interdit, tant que la pièce fonctionne et remplit son rôle, il n’y a pas de problèmes là-dessus. En revanche, je pense que ça ne doit pas arriver très souvent. La probabilité que ça arrive est très faible. Mais ça reste autorisé. 

Une fois les pièces de réemplois récupérées, comment les remettez-vous sur le marché ? 

Alors, on a deux possibilités. 

La première, c’est que les centres VHU peuvent faire de la vente au comptoir.  Ça a toujours existé. Certains centres ont depuis arrêtés avec l'arrivée du digital, parce qu’ils n’étaient peut-être pas très bien situés d’un point de vue comptoir. Donc pour eux c’était plus intéressant de passer totalement au digital. 

Et, la deuxième possibilité, c’est le digital avec nos centres VHU qui mettent leurs pièces sur le système PRECIS. 

Certains assureurs mettent en avant la pièce auto de réemploi pour les réparations des voitures. Avez-vous des partenariats avec des assurances ou des garages pour la vente de pièces auto de réemploi ? 

Notre plateforme PRECIS est partenaire privilégié du réseau Renault. Donc, on est la solution préconisée et privilégiée par Renault au niveau de son réseau de réparation. On a développé une solution spécifique pour eux qui est Renault SAO. 

Nous travaillons également avec des réseaux de carrossier, où là aussi, on est la solution préconisée par ce réseau-là. 

On va également avoir des accords avec des assureurs qui vont pousser pour utiliser la pièce auto de réemploi. Même si finalement le décisionnaire dans ces moments-là, c’est le couple expert et réparateur, car c’est le réparateur qui décide des pièces qu’il va monter sur la voiture. 

Mais l’amélioration de la traçabilité et la grande qualité des pièces récupérées fait qu’aujourd’hui les assureurs n’hésitent plus à faire des partenariats avec nous. 

Aujourd’hui conseilleriez-vous à un automobiliste l’utilisation d’une pièce auto de réemploi pour réparer sa voiture ? Et pourquoi ? 

Complètement. Et pas parce que je travaille chez Indra, mais parce que de part mes expériences personnelles, il n’y a pas à hésiter. 

Mais après, je ne dis pas qu’il faut monter la pièce de réemploi de façon aveugle, parce qu’on n’est pas à l'abri d’être en face d’un réparateur non scrupuleux. Mais je pense que cela doit se faire dans une relation de confiance, entre le réparateur et la personne qui fait réparer sa voiture. Le réparateur doit montrer que ça doit être utile de passer par une pièce auto de réemploi plutôt que d’acheter une pièce neuve.

En revanche, je n’aurais pas confiance en un réparateur qui ne propose pas de pièces auto de réemploi. Car il se met déjà dans une situation ou il n’applique pas la loi. 

Donc il faut favoriser la pièce auto de réemploi quand c’est possible, et sinon choisir des pièces auto neuves. Car de toute façon, les pièces auto de réemplois ne peuvent pas être utilisées pour toutes les réparations. 

La pièce de réemploi n'est pas assez connue en France. Comment faire pour qu’elle devienne incontournable ? 

Je pense qu’on en prend le chemin, on est dans la bonne direction. Aujourd’hui, les différents acteurs qui participent au développement de la pièce auto de réemploi font ce qu’il faut.

Les assureurs font le travail de communication, les experts sont maintenant pleinement sensibilisés, les réparateurs se prêtent de plus en plus au jeu, parce qu’ils se rendent compte que l’expérience est bonne. 

Et étonnamment, il semble que les seuls qui ne soient pas au courant sont les conducteurs. Donc, c'est peut-être là qu'on peut encore progresser. 

Il faut continuer de communiquer avec de la pédagogie et montrer les avantages d’une pièce de réemploi comparée à une pièce neuve. 

On a encore du travail à faire, mais on est sur la bonne voie pour que cela prenne plus d’ampleur. 

La pièce auto de réemploi est-elle sur une même dynamique dans les autres pays d’Europe ? Ou en France avait-on du retard ? Et du coup, on est en train de le rattraper ? 

Je ne dirais pas qu’on était en avance en France. On était très performant dans le recyclage, parce qu’on a une filière qui est très structurée. Mais paradoxalement, on était peut-être un petit peu moins performant sur les pièces de réemploi. 

Certains pays d’Europe du Nord comme la Suède ont un taux plus important que chez nous, car il y a une obligation de détruire les véhicules. Donc, cela crée systématiquement de la pièce de réemploi.

Vous avez d’autres pays comme en Europe du Sud où il y avait un décalage prix-pouvoir d’achat plus important et où la pièce pouvait être produite à moindre coût. La pièce de réemploi est très développée en Espagne, un peu moins en Italie et la France est à la croisée des chemins. 

Le milieu de la pièce de réemploi s'est beaucoup amélioré. Aujourd’hui tout est structuré, informatisé et il y a un haut niveau de professionnalisation. Tout cela permet de produire des pièces de qualité, qui sont tracées et stockées. Je pense qu’on était très en retard, mais on rattrape très vite le retard accumulé. Donc, ça ne peut qu'être positif. 

À quel niveau la pièce de réemploi est-elle utilisée aujourd’hui ?

Le taux d’usage de la pièce de réemploi en France est actuellement de 3,8%. Donc, c'est faible par rapport au marché. Mais en 2018, on était à 2,7%. Donc, on a une nette progression, d’autant qu’il y a eu les deux ans d’arrêts avec le covid qui ont pu freiner cette progression. 

Je pense qu’on était très en retard, mais on rattrape très vite le retard accumulé. Donc, ça peut être positif. 

Chez INDRA, avez-vous l’intention de développer des centres VHU à l’étranger pour permettre de proposer des pièces auto de réemploi qui viendraient d'autres pays ? 

Chez Indra on s’est déjà un peu internationalisé, notamment dans l’accompagnement de gros groupes industriels pour la création de centres VHU … 

Maintenant, on ne croit pas trop au voyage des pièces, en tout cas pas toutes. Car on est dans une situation économique tendue. Et les frais de port aujourd’hui pèsent beaucoup dans une pièce de réemploi. 

Même si le développement du marché permet de distribuer de mieux en mieux les pièces, il n'y a pas aujourd’hui les mêmes moyens pour distribuer les pièces de réemploi que les pièces neuves. Et donc le pôle logistique est important. Et quand on traverse une frontière, ça devient encore plus important, et dans ce cas, ça n’a plus de sens en terme économique. 

Mais la seconde chose qui fait qu’on n’y croit pas, c’est que le parc roulant, n’est pas le même dans tous les pays d’Europe. Donc votre offre de pièce dans un pays, elle représente le parc roulant de celui-ci. En Allemagne vous aurez plus de voitures allemandes. Alors qu’en Espagne, vous aurez plus de SEAT ou de voitures françaises. Donc c’est réalisable, mais nous, on pense que c’est mieux de produire et consommer local. 

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